Vous aussi, vous répondez de moins en moins au téléphone ? C’est  normal

Vous scrollez sur votre smartphone. Il sonne, mais vous n’avez vraiment pas envie d’avoir une conversation tout de suite. Vous ignorez l’appel, préférant échanger par messages ou notes vocales. Sachez que vous êtes loin d’être la seule personne à qui cela arrive. En vérité, c’est une tendance qui s’accentue, d’autant plus chez les jeunes. À tel point que certains experts s’en inquiètent.

Il y a quelques mois, une étude menée par l’entreprise britannique Unswitch auprès de 2 000 jeunes âgés de 18 à 24 ans a révélé qu’un quart des sondés ne décroche jamais lors d’un appel entrant. Plus révélateur encore, 60 % d’entre eux privilégient la communication par messages.

Peur des échanges frontaux

Plusieurs éléments expliquent ce désamour pour les appels téléphoniques, malgré la présence et l’utilisation constantes des smartphones dans notre quotidien. Un facteur psychologique, tout d’abord, car certains jeunes ressentent de la panique ou de l’anxiété à l’idée d’entretenir un échange frontal, souvent par peur d’être jugé. Cela est d’autant plus vrai dans le monde professionnel, un appel téléphonique étant considéré comme précurseur d’une mauvaise nouvelle.

Les habitudes de consommation changeantes, notamment en raison de l’arrivée de nouveaux moyens de communication comme les réseaux sociaux et les applications de messagerie instantanée, jouent également dans la balance. Chacun peut raconter ce qu’il souhaite immédiatement en envoyant un message ou une note vocale, et n’a pas à attendre que l’interlocuteur soit disponible pour en discuter.

À cela vient s’ajouter l’essor grandissant du numérique. Quasiment toutes les démarches peuvent aujourd’hui être faites en ligne, ce qui influe sur le comportement des utilisateurs, qui ne sont plus obligés d’échanger de vive voix pour obtenir un résultat.

Un changement sociétal profond

Selon plusieurs experts, interrogés par Le Parisien, ces comportements peuvent avoir des répercussions néfastes. La sociologue Catherine Lejealle prévient face aux risques de burn-out et de saturations cognitives « face à cette rapidité des messages, à des activités sans cesse fragmentées ».

Selon elle, ce phénomène révèle également une forme de « paresse sociale » où même les conversations les plus simples sont déléguées aux messages écrits. Plus inquiétant encore, cette tendance érode les compétences relationnelles. « Les jeunes perdent la capacité d’appeler, de prendre la parole », constate-t-elle.

David Le Breton, également sociologue, y voit l’émergence d’une société de « l’hyperindividu » où l’autre devient facultatif. « C’est inquiétant pour le monde à venir », prévient-il, décrivant une forme d’« autisme social » où les jeunes, enfermés dans leur bulle numérique, perdent peu à peu les codes essentiels de l’interaction humaine.

Sources : Le parisien, RTBF, Clubic

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