Avec l’essor de l’intelligence artificielle, ce sont les capacités à penser par soi-même qui sont aujourd’hui remises en question.
Pourra-t-on encore penser par soi-même dans le futur? Selon une étude du MIT, prestigieuse université américaine, l’IA risque de mettre un coup sévère à « l’esprit critique ». C’est en tout cas les résultats émanant d’une expérience menée sur 54 personnes âgées de 18 à 39 ans, devant écrire une dissertation.
Un premier groupe pouvait s’aider de ChatGPT, un second de Google et un troisième d’aucun moteur de recherche. Ils étaient tous équipés de capteurs permettant d’enregistrer leur activité cérébrale, si bien que le groupe utilisant ChatGPT avait un engagement cérébral « plus faible », raconte le Time, qui révèle l’étude..
Un cerveau qui ne veut plus trouver par lui-même
« Les sujets de l’expérience sous-performent constamment au niveau neuronal, linguistique et comportemental, » explique Nataliya Kosmyna, l’auteure principale de l’étude. Celle-ci a d’ailleurs décidé de communiquer sur ses travaux alors que le monde entier se passionne sur l’intelligence artificielle générative.
Elle alerte, face à ces résultats, sur le risque de permettre à des enfants, voire de très jeunes enfants, d’utiliser l’IA: « Je pense que ce serait absolument mauvais et préjudiciable, les cerveaux en développement sont les plus à risque, » explique-t-elle.
Une autre étude de MIT, parue en début d’année 2025, avait de son côté établi qu’un utilisateur passant beaucoup de temps à discuter avec ChatGPT avait davantage le sentiment d’être seul.
Pour cette nouvelle expérience, il apparaît que les personnes utilisant ChatGPT ont livré un texte relativement similaire, s’appuyant sur les mêmes expressions et les mêmes idées, sans aucun élément original. A l’instar de l’expérience menée par Tech&Co sur les sujets du bac de philosophie, le résultat a été jugé « sans âme » par les correcteurs.
A contrario, les deux autres groupes utilisant Google ou devant se débrouiller par eux-mêmes ont montré davantage de satisfaction et d’implication dans le travail à effectuer.
Des jeunes devenus accro à l’IA
Dans la suite de l’expérience, alors que les chercheurs ont demandé aux trois groupes de réécrire l’un de leur texte, et en interdisant au groupe IA d’utiliser ChatGPT, celui-ci n’a pas réussi à se souvenir de ce qu’il avait pu écrire. A contrario, sur le groupe n’ayant droit à rien, ils ont été autorisés à s’aider de ChatGPT, et les résultats ont été plus convaincants.
Pour le MIT, la démonstration est importante: elle sert à prouver que l’IA ne doit pas être utilisée n’importe comment. Elle doit ainsi permettre d’améliorer l’apprentissage, et pas le diminuer en livrant un résultat prêt à l’emploi.
Interrogé par le Times, le psychiatre Zishan Khan s’alarme de son côté de la propension toujours plus importante d’adolescents s’appuyant fortement sur l’IA pour leurs devoirs: « On constate une dépendance excessive à l’égard des grands modèles de langage, et cela peut avoir des conséquences psychologiques et cognitives involontaires. »
A noter que l’étude désormais diffusée n’a pas encore été relue par des pairs et doit donc encore être prise avec du recul.
Le MIT prévoit d’autres études de ce type. La prochaine doit permettre de faire la lumière sur les conséquences de l’IA générative dans le domaine de la programmation.
Source: BFM