A partir du 1er septembre 2025, toute fintech non agréée dans l’Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) devra cesser ses activités. Un tournant majeur pour un secteur en pleine ébullition, qui doit désormais se soumettre à un cadre réglementaire strict, imposé par l’Instruction n°001-01-2024 de la BCEAO. L’objectif est clair : sécuriser les flux financiers, renforcer la confiance et faire émerger un écosystème fintech crédible à l’échelle régionale et internationale.
Pourquoi cette réforme bouleverse l’écosystème ?
Jusqu’à présent, de nombreuses fintechs opéraient sous le couvert de banques partenaires, sans avoir d’agrément propre. Ce modèle d’adossement généralisé prend officiellement fin. Seules les structures disposant d’un agrément formel, en tant qu’émetteur de monnaie électronique ou d’établissement de paiement pourront continuer à exercer.
Ce changement de paradigme était plus que nécessaire car il permettra de :
- Protéger les utilisateurs,
- Garantir l’intégrité du système financier,
- Lutter contre les flux illicites pouvant financer des activités terroristes dans un contexte sécuritaire tendu en Afrique de l’Ouest.
Pour être une fintech a jour la BCEAO exige :
- Un agrément obligatoire pour tous les prestataires,
- Un capital social minimum : de 10 à 100 millions FCFA selon le statut,
- Le respect strict des normes de gouvernance, de conformité et de Lutte contre le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme (LCB-FT),
- L’interopérabilité régionale comme objectif stratégique.
⛔ Passé le 31 août 2025, plus aucune activité non autorisée ne sera tolérée.
Un démarrage lent, mais un enjeu majeur
Au 27 mai 2025, seuls 11 prestataires ont obtenu leur agrément. Un chiffre modeste qui souligne les défis de la transition : lourdeur administrative, coûts élevés, complexité des procédures multi-pays pour les opérateurs régionaux… Malgré un cadre commun, certaines fintechs doivent encore déposer des dossiers dans plusieurs États.
Loin d’être un frein, cette réforme est aussi une opportunité pour les fintechs solides :
- De renforcer leur crédibilité auprès des partenaires (banques, investisseurs, régulateurs),
- D’accéder à des financements institutionnels,
- De s’intégrer aux systèmes panafricains comme le PAPSS,
- De se préparer aux futures normes d’open finance.
Le vrai enjeu : accompagner sans exclure
Pour réussir cette transformation, la BCEAO devra prouver sa capacité à traiter les demandes rapidement et à accompagner efficacement les acteurs, notamment les startups encore fragiles mais innovantes. Le risque : que cette nouvelle exigence ne laisse sur le carreau des opérateurs à fort potentiel, faute de moyens ou de visibilité.
Le compte à rebours est lancé, et il est irréversible. Les fintechs ont jusqu’au 31 août 2025 pour se conformer. Ce tournant historique pourrait faire de l’UEMOA un modèle de régulation fintech sur le continent, à condition d’allier rigueur et inclusion.
ZAGLA