Alors que les salons technologiques, forums sur la cybersécurité, ou conférences digitales se multiplient au Burkina Faso en particulier, un acteur fondamental reste souvent en marge : les petits commerçants technologiques. Vendeurs de téléphones, réparateurs d’ordinateurs, vendeurs d’accessoires ou d’incassables, boutiques de recharge ou de connectique… ces artisans du quotidien sont rarement associés aux grands rendez-vous numériques.
Pourtant, ils sont au cœur de la chaîne de diffusion technologique. Leur marginalisation interroge sur l’inclusivité du développement numérique.
Qui sont ces « invisibles » de la tech ?
- Vendeurs de téléphones et tablettes, souvent premiers points d’accès à la technologie mobile.
- Boutiques d’ordinateurs et de pièces détachées (RAM, disques, cartes mères).
- Revendeurs de recharge, batteries, écouteurs, protections, coques, parfois avec des produits innovants.
- Réparateurs / dépanneurs informatiques ou téléphoniques, qui prolongent la vie des appareils et participent à la réduction des déchets électroniques.
Ils représentent :
- Une porte d’entrée populaire à la technologie, souvent plus accessible que les grandes surfaces ou boutiques officielles.
- Un réseau de formation informelle : beaucoup de jeunes y apprennent sur le tas, acquièrent des compétences techniques essentielles.
- Un levier économique majeur dans les marchés urbains et périurbains.
Pourquoi sont-ils exclus ?
- Événements trop institutionnels ou élitistes
Ces salons ciblent souvent les start-ups, les grandes entreprises, les développeurs ou les ingénieurs. Les petits commerçants n’ont ni le langage, ni la structure administrative nécessaire pour y participer. - Préjugés sur leur rôle
Ils sont souvent perçus comme des « vendeurs informels », « pas assez professionnels », alors qu’ils jouent un rôle clé dans l’adoption massive des technologies. - Manque de communication adaptée
Les canaux de communication des salons technos ne touchent pas les zones de commerce populaire (marchés, gares, carrefours). - Barrières financières et administratives
Le coût de participation à un événement tech peut être prohibitif pour ces acteurs, surtout sans sponsor ni accompagnement.
Pourquoi les inclure est indispensable
- Accessibilité numérique : Ce sont eux qui connectent le citoyen lambda à la tech — smartphones à prix abordables, reconditionnés, accessoires.
- Développement durable : Ils permettent le recyclage, la réparation et la revalorisation des équipements usagés.
- Économie locale : Leurs activités génèrent des milliers d’emplois directs et indirects, et font circuler des millions de francs chaque mois.
- Formation et inclusion : Beaucoup d’autodidactes deviennent techniciens grâce à ce commerce de proximité.
Que peut-on faire ?
1. Créer des espaces mixtes dans les forums technos
Des stands ou pavillons dédiés aux petits commerçants, réparateurs, fournisseurs locaux, pour leur permettre de montrer leur savoir-faire.
2. Former et professionnaliser
Des sessions gratuites ou subventionnées en gestion, cybersécurité, innovation mobile, recyclage, e-commerce…
3. Valoriser le rôle social et économique de ces acteurs
Campagnes médias, portraits de réparateurs innovants, inclusion dans les panels de discussion.
4. Créer des partenariats locaux
Entre incubateurs, startups, administrations et commerçants tech pour une dynamique de terrain.
Le développement numérique ne peut pas être réservé à une élite technocratique. Les petits commerçants technologiques sont des acteurs clés de la chaîne de valeur tech. Leur intégration aux événements numériques n’est pas seulement juste : elle est stratégique.
Inclure ces vendeurs et réparateurs dans les initiatives technologiques, c’est démocratiser la tech, créer de l’emploi, lutter contre l’exclusion numérique et construire une économie digitale plus résiliente et plus équitable.