Les États membres de l’ONU ont franchi une étape importante en approuvant, ce jeudi, un traité visant à lutter contre la cybercriminalité. Ce texte, qui a été débattu pendant trois ans, a été approuvé par consensus à l’issue d’une dernière session de deux semaines à New York. Cependant, il a rapidement été critiqué par des défenseurs des droits humains et des entreprises technologiques, qui craignent qu’il ne constitue un outil de surveillance à l’échelle mondiale.
La « Convention des Nations unies contre la cybercriminalité », créée à l’initiative de la Russie, a pour objectif de « combattre plus efficacement la cybercriminalité » et de renforcer la coopération internationale dans ce domaine. Elle vise notamment à lutter contre des activités telles que la pédopornographie et le blanchiment d’argent.
La déléguée sud-africaine a salué cette convention comme un « moment historique », soulignant que le traité offre une assistance technique aux pays avec des infrastructures cyber moins développées. Toutefois, les opposants critiquent le large périmètre d’application du texte, qui permettrait à un État d’exiger des preuves électroniques d’un autre État pour enquêter sur des crimes passibles d’au moins quatre ans de prison.
Des organisations comme Human Rights Watch ont exprimé de vives inquiétudes, qualifiant le traité de « catastrophe pour les droits humains ». Elles redoutent une utilisation abusive du texte pour réprimer les journalistes, les militants et d’autres groupes vulnérables.
Le Haut-commissariat de l’ONU aux droits de l’Homme a également émis des réserves, appelant à garantir que les droits humains soient au cœur de la convention. Certains craignent que des aspects du texte puissent aboutir à la criminalisation de comportements tels que des selfies intimes ou des images prises par des mineurs lors de relations sexuelles consenties.
En revanche, des délégations, comme celle de la Russie, estiment que le traité accorde trop d’importance aux droits humains. Lors de la session d’approbation, l’Iran a tenté de faire supprimer des clauses jugées problématiques, mais sa demande a été largement rejetée.
Le débat autour de ce traité souligne les tensions entre la nécessité de lutter contre la cybercriminalité et la protection des droits humains à l’échelle mondiale.
ZAGLA