Fintech en Afrique de l’Ouest : la BCEAO serre la vis aux startups

Un ménage est effectué actuellement par la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) dans l’écosystème fintech de l’Union monétaire ouest-africaine (UMOA).  En effet, depuis fin avril, la BCEAO assainit avec rigueur le milieu de la fintech. Ce toilettage provoque une onde de choc dans le secteur des startups.

La délivrance des agréments aux établissements de paiement (EDP), pourtant prévus depuis une directive de janvier 2024, s’effectue désormais avec une grande rigueur. Cette nouvelle phase où les fintechs jugées conformes aux exigences, reçoivent le précieux sésame pour opérer légalement a débuté le 6 mai 2025.

A l’issue de ce nettoyage : entre 100 et 200 entreprises, principalement des agrégateurs de paiement, sont actuellement à l’arrêt dans la zone UMOA. Le Sénégal est le pays le plus touché avec de nombreux services financiers interrompus. Les géants Wave et Orange Money ont coupé l’accès à plusieurs prestataires non agréés, paralysant certains paiements, y compris les salaires.

Les exigences de la BCEAO ne sont pas pourtant compliquées : fournir les statuts de l’entreprise, le modèle économique, la situation financière, les mécanismes de protection des données et les procédures anti-blanchiment. Mais pour certains entreprises, le retard est dû à un excès de confiance dans le lobbying plutôt qu’à une réelle préparation des dossiers.

Selon Oumar S. Diallo, cofondateur de la fintech sénégalaise Orya Technologies, plusieurs entreprises ont déposé leur demande depuis près d’un an sans obtenir de réponse. Ce blocage a provoqué des pertes de revenus et un climat de méfiance chez les clients professionnels.

Cependant, la situation commence à évoluer. Des fintechs comme SycaPay (Côte d’Ivoire), Paydunya (récemment rachetée par Peach Payments), et I-Futur (Niger) ont reçu leur agrément au début du mois de mai. Pour Modou Sall, associé chez CFIC, cela témoigne d’un début de déblocage, même si la sélection reste stricte.

La BCEAO veut une consolidation et une rigueur dans ce secteur. La nouvelle réglementation impose un capital minimum de 100 millions de F CFA, limitant ainsi l’accès aux acteurs les plus solides. Cette stratégie vise à assainir le secteur, mais aussi à rassurer sur la stabilité du système financier régional.

Cette transition soulève des interrogations : investisseurs échaudés, interruption de services, et incertitude pour les fintechs en attente. Si la régulation est essentielle pour garantir la confiance, sa mise en œuvre gagnerait à être plus fluide afin de ne pas freiner l’innovation financière en Afrique de l’Ouest.

Source : Jeune Afrique

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