Chez le grand YouTube, l’heure est à la mobilisation. Face à la déferlante de l’intelligence artificielle, le géant de la vidéo sort l’artillerie lourde pour protéger ses créateurs.
L’IA, nouvelle coqueluche technologique, fait des merveilles… et des ravages. Deepfakes, voix clonées, contenus synthétiques : autant de mirages numériques qui donnent des sueurs froides aux artistes du monde entier. YouTube, conscient de l’enjeu, a décidé de monter au créneau il y a déjà quasiment un an. D’un côté, cette technologie promet monts et merveilles, permettant des créations inédites et des possibilités infinies. De l’autre, elle menace l’intégrité même des créateurs, leur identité devenant aussi malléable qu’une pâte à modeler numérique.
Cette année, la plateforme a déjà mis en place un système de signalement des contenus générés par IA, mais jeudi dernier, la plateforme a décidé d’aller encore plus loin. Elle vient de dévoiler un arsenal d’outils de détection d’IA, visant à protéger l’ensemble de son écosystème créatif. Artistes, acteurs, musiciens, athlètes : tous sont dans le viseur de cette initiative. L’objectif ? Empêcher que leurs visages ou leurs voix ne soient utilisés à leur insu dans des vidéos générées par intelligence artificielle.
Le Content ID fait peau neuve
Premier tour de force : le lifting du système Content ID. Ce gendarme du copyright, qui traque les infractions depuis des années, s’offre une cure de jouvence high-tech. Dès 2024, il sera capable de repérer les voix chantées générées par IA. Fini les Taylor Swift synthétiques qui poussent la chansonnette sans autorisation !
Mais YouTube ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. La plateforme mijote une technologie capable de débusquer les visages générés par IA. Créateurs, acteurs (Scarlett Johansson pourra souffler), sportifs : tous pourront bientôt gérer l’utilisation de leur image sur la plateforme. Un bouclier numérique contre les deepfakes qui promet de faire des étincelles.
L’IA, entre créativité et controverse
Si YouTube sort les griffes, c’est aussi pour ne pas tuer la poule aux œufs d’or. « Nous croyons que l’IA doit renforcer la créativité humaine, pas la remplacer. Nous nous engageons à travailler avec nos partenaires pour garantir que les avancées futures amplifient leurs voix, et nous continuerons à développer des garde-fous pour répondre aux préoccupations et atteindre nos objectifs communs » promet la plateforme sur son blog.
Mais le véritable casse-tête se joue en coulisses. L’utilisation des contenus YouTube pour entraîner des modèles d’IA fait grincer des dents. De nombreux créateurs crient au scandale, accusant les géants de la tech de piller leur travail sans vergogne. YouTube promet une solution, tout en gardant ses cartes bien cachées. « Nous développons de nouvelles façons de donner aux créateurs YouTube le choix sur la manière dont des tiers pourraient utiliser leur contenu », annonce-t-elle, sibylline. Une promesse qui reste malgré tout assez vague.
Dans cette partie d’échecs high-tech, YouTube joue gros. D’un côté, l’impératif de protéger ses créateurs, sa précieuse matière première. De l’autre, la nécessité de rester à la pointe de l’innovation. Un véritable exercice d’équilibriste.
Sources : Tech Crunch, YouTube