Alors que le monde numérique avance à une vitesse fulgurante, le Burkina Faso semble pris dans un paradoxe cruel : le talent est là, l’ambition aussi, mais la solidarité entre les acteurs de la technologie fait cruellement défaut. Et ce manque de cohésion ne freine pas seulement l’innovation, il menace l’avenir technologique du pays tout entier.
Un potentiel numérique bridé
Le Burkina regorge de développeurs brillants, d’innovateurs ingénieux, de start-ups ambitieuses. Certains tentent de tirer leur épingle du jeu dans un écosystème encore en construction. Mais le manque de mutualisation des compétences, des ressources et des idées plombe l’impact de leurs actions.
Pendant ce temps, les grands problèmes, fracture numérique, éducation technologique insuffisante, dépendance aux solutions étrangères restent entiers.
L’absence de réseau, un réseau de problèmes
Contrairement à d’autres pays africains où les tech hubs collaborent, où les anciens mentors forment les jeunes pousses, au Burkina Faso, chacun semble jouer sa partition en solo. Les événements tech sont trop souvent cloisonnés. Les acteurs se regardent en chiens de faïence plutôt que de se tendre la main. Les jalousies étouffent les collaborations, les egos freinent les synergies.
Pourquoi un startupper devrait-il voir un développeur comme un concurrent au lieu d’un allié ? Cette mentalité freine l’innovation et empêche l’émergence de projets d’envergure nationale.
Une course à la reconnaissance plutôt qu’à l’impact
Dans ce climat, nombreux sont ceux qui travaillent uniquement pour décrocher des financements étrangers ou participer à des concours nationaux et internationaux, quitte à ignorer les besoins locaux. L’objectif n’est plus de résoudre les problèmes des Burkinabè, mais de briller sur LinkedIn ou à la prochaine conférence tech d’une société.
Et pourtant, pendant que certains courent après les likes, des milliers de jeunes n’ont toujours pas accès à Internet ou aux compétences numériques de base. Qui s’en soucie vraiment ?
Il est temps de casser le système… pour en bâtir un nouveau
Ce manque de solidarité n’est pas une fatalité. Il est le fruit d’un système où les acteurs ne se font pas confiance, où les politiques publiques restent faibles, et où l’esprit de communauté s’efface devant l’individualisme.
Mais le changement commence maintenant. Les acteurs tech burkinabè doivent comprendre que seule une coalition forte, inclusive et bienveillante peut faire face aux défis du numérique. Il est temps d’organiser des hackathons réellement collaboratifs, de créer des plateformes ouvertes de partage de ressources, de développer des réseaux de mentorat intergénérationnels.
Sans solidarité, il n’y aura pas d’émergence numérique au Burkina Faso. Juste une illusion d’innovation.
Le Burkina Faso ne manque ni de cerveaux, ni de créativité. Ce qui lui manque cruellement, c’est une culture de la collaboration et du don de soi pour un idéal commun. Le jour où les acteurs tech comprendront que leur force est collective, le pays pourra enfin prendre le virage du numérique avec puissance et dignité.
ZAGLA