Sora est disponible en France. Présenté comme un game changer, le générateur de vidéos tient-il ses promesses ? Voici notre avis sur la question !
Après plusieurs mois d’attente, l’Europe et la France ont enfin accès à Sora, le générateur de vidéos par IA d’OpenAI. Dévoilé il y a tout juste un an et lancé dans plus de 150 pays en décembre dernier, cet outil promet de révolutionner la création de vidéos, pour le meilleur et pour le pire. Mais Sora est-il à la hauteur des attentes ? Voici comment il fonctionne et ce qu’il vaut vraiment.
Sora : présentation de l’interface
Les interfaces épurées et intuitives ont fait le succès d’OpenAI, et la firme n’a pas changé sa formule pour son générateur de vidéos. Sur le menu situé à gauche, deux sections sont présentées : Explore, pour découvrir les créations des autres utilisateurs, et Library, qui constitue votre espace personnel.
Dans l’espace inférieur, vous retrouvez une barre de prompt. Celle-ci comprend un champ pour votre requête ainsi que plusieurs options pour personnaliser différents aspects de votre vidéo :
- Upload image or video : vous pouvez partir d’une image ou d’une vidéo existante.
- Presets : ici, vous pouvez choisir un style prédéfini, par exemple film noir ou stop motion.
- Ratio : vous avez le choix entre 16:9, 1:1 et 9:16.
- Resolution : trois résolutions sont disponibles : 480p, 720p (mais la vidéo sera 4 fois plus lente), 1080p (mais la vidéo sera 8 fois plus lente et réservée aux comptes Pro).
- Durée : vos vidéos peuvent durer entre 5 et 10 secondes pour les comptes Plus, et entre 5 et 20 secondes pour les comptes Pro.
- Variations : vous pouvez générer entre une et quatre variations par prompt.
À droite de la barre, un bouton Storyboard vous permet d’accéder à une nouvelle interface de montage, qui pourra s’avérer utile pour les projets plus longs. Dans ce storyboard, à chaque séquence, vous pouvez générer une vidéo directement dans l’espace ou en importer une depuis votre librairie.

Générer une vidéo avec Sora : notre test
Nous disposons d’un compte Plus, qui nous donne accès à 50 générations de vidéos, tout en nous astreignant à certaines limitations mentionnées précédemment. Nous avons testé l’outil sur plusieurs styles et en modifiant certains réglages.
1. Génération d’une vidéo réaliste
Prompt : « Style réaliste. Une vieille dame promène son chien dans les rues de Paris. Météo ensoleillée ».
Nous commençons par une demande simple : générer une vidéo dans un style réaliste. Dans les exemples présentés par OpenAI, le style réaliste était plutôt bien respecté, mais avec quelques imperfections permettant de distinguer l’usage de l’IA. Nous optons pour une représentation humaine (une vieille dame), car il s’agit d’un point sur lequel les générateurs d’images et de vidéos rencontrent des difficultés.
La vidéo dure 5 secondes, en format 16/9 et 480p.
2. Utilisation d’un style prédéfini
Prompt : « Contre-plongée. Un détective boit du whisky dans un bar. Il est habillé d’un trench et d’un chapeau. ».
Pour notre second test, nous expérimentons l’un des styles proposés par Sora. Notre choix se porte sur film noir, un style à l’esthétique très reconnaissable. Nous optons pour un format carré afin de nous rapprocher du 4/3, utilisé durant l’âge d’or du genre. Pour renforcer l’aspect cinématographique, nous intégrons également une indication de cadrage (contre-plongée).
Nous restons sur un format 480p et une durée de 5 secondes.
3. Création d’une vidéo rythmée
Prompt : « Une voiture de sport percute un éléphant et prend feu. Esthétique cyberpunk ».
Le format 9:16 est adapté pour la réalisation de Reels, Shorts ou TikToks. Pour dynamiser la vidéo, nous rallongeons sa durée à 10 secondes et intégrons un élément d’action dans notre description. Par ailleurs, nous demandons à l’IA d’adopter un style cyberpunk directement dans notre prompt.
L’allongement de la durée de la vidéo nous contraint à conserver le 480p.
4. Création d’une animation
Prompt : « Animated film, Pixar style. Vibrant colors: a child runs after their kite by the seaside ».
Demain, pourra-t-on créer un film d’animation entièrement avec de l’IA ? De nombreux progrès restent à faire, que ce soit en termes de rythme ou de synchronisation de la parole. Mais peut-être l’IA est-elle déjà capable de générer des séquences convaincantes !
Ici, nous demandons spécifiquement à Sora d’adopter un style Pixar. Nous conservons des réglages classiques : format 16 :9, 480p (en raison du mouvement) et 5 secondes. Face aux difficultés rencontrées par l’IA pour générer une séquence dans ce style, nous avons opté pour un prompt en anglais.
Lecteur vidéo
5. la gestion du mouvement
Prompt : « Un loup court à travers une forêt enneigée, laissant des empreintes derrière lui. La caméra le suit en travelling latéral ».
Sora sait-il gérer correctement les mouvements de caméra ? Pour le savoir, nous lui demandons de réaliser un traveling latéral. Nous augmentons également la qualité de l’image en passant au 720p afin d’obtenir un rendu plus détaillé. Cela nous oblige toutefois à nous limiter à 5 secondes.
Et de haut en bas ? Voyons si Sora sait suivre une montgolfière qui s’envole dans le ciel.
Pompt : « Une montgolfière s’envole dans le ciel. la caméra la suit de bas en haut avec un traveling vertical. ».
Bonus. Reproduction d’une personnalité publique
Prompt : « Emmanuel Macron serre la main à Donald Trump ».
L’arrivée des générateurs de vidéos par IA suscite à la fois enthousiasme et inquiétudes. Si ces outils ouvrent de nouvelles perspectives en termes d’efficacité, ils soulèvent aussi des préoccupations majeures : l’utilisation d’œuvres d’artistes sans compensation, la menace pesant sur les métiers créatifs, ou encore le risque d’un appauvrissement de la créativité.
Au-delà du domaine artistique, ces technologies posent également des questions démocratiques, notamment en matière de désinformation. Pour conclure notre série de tests, nous demandons ainsi à Sora de générer un broyage une poignée de mains entre Emmanuel Macron et Donald Trump. Fort heureusement, l’IA indique que ce prompt est contraire à sa politique.
Que vaut Sora ?
Sur certaines vidéos, Sora produit des résultats très convaincants. Toutefois, les capacités de l’outil demeurent limitées. Voici nos principales observations :
Nous remarquons notamment une vraie différence de qualité entre les vidéos en 480p et celles en 720p.
Le passage en 720p implique de limiter la durée de la vidéo à 5 secondes. Ainsi, comme nous le soupçonnions lorsqu’OpenAI a présenté Sora, l’outil rencontre davantage de difficultés sur les séquences longues.
Sora peut être remarquable sur les vidéos statiques, mais il éprouve des difficultés dès qu’on lui demande des mouvements (même si la séquence du loup est plutôt réussie). Il produit souvent des scènes incohérentes ou n’applique pas correctement les consignes.
Sora a souvent du mal à comprendre les styles demandés. Nous avons dû nous y reprendre à plusieurs reprises pour obtenir une vidéo dans un style animation, et notre enfant courant sur la plage ressemble davantage à un Adibou troublé qu’à un film Pixar. De même, la préconfiguration « film noir » laissait présager une vidéo en noir et blanc, ce qui n’a pas été le cas.
Toutes les vidéos dégagent une sensation de flottement. Sora semble avoir du mal à donner du rythme. En outre, contrairement à ce qui est annoncé, nous n’observons pas de différence notable de rythme entre les vidéos en 480p et celles en 720p.
Par moments, Sora demande à l’utilisateur de sélectionner, parmi deux options, celle qu’il juge la plus convaincante. Nul doute que le générateur s’améliorera avec le temps.
Source : BDM