Une étude internationale menée dans 44 pays révèle une augmentation alarmante de l’utilisation problématique des réseaux sociaux et des jeux vidéo chez les adolescents.
Selon un rapport récent publié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en collaboration avec l’étude Health Behaviour in School-aged Children (HBSC), l’usage problématique des réseaux sociaux et des jeux vidéo chez les jeunes a considérablement augmenté ces dernières années. L’enquête a ciblé des adolescents âgés de 11, 13 et 15 ans, en examinant leurs habitudes numériques entre 2021 et 2022. Les résultats montrent des comportements de plus en plus addictifs, notamment chez les filles en ce qui concerne les réseaux sociaux, et chez les garçons pour les jeux vidéo.
Une hausse préoccupante de l’utilisation des réseaux sociaux
L’enquête révèle que l’utilisation problématique des réseaux sociaux est passée de 7 % à 11 % entre 2018 et 2022. Cette tendance est particulièrement marquée chez les filles, qui présentent des niveaux d’engagement en ligne plus élevés, surtout à l’âge de 13 ans. Le rapport indique que “les filles rapportent des niveaux plus élevés de contact en ligne continu et d’utilisation problématique des réseaux sociaux que les garçons”.
Les jeunes rencontrent des problèmes liés aux réseaux sociaux. Cette utilisation problématique est mesurée grâce à l’échelle des troubles liés aux médias sociaux (Social Media Disorder Scale). Les adolescents qui affichent six symptômes ou plus, tels que la perte de contrôle sur leur temps d’écran ou l’irritabilité lorsqu’ils sont privés de leurs réseaux sociaux, sont considérés comme des utilisateurs problématiques. Le rapport souligne également que ces jeunes éprouvent des difficultés à contrôler leurs impulsions et ressentent du stress en l’absence d’accès à leurs plateformes sociales.
Les chercheurs attribuent cette augmentation à divers facteurs, dont la généralisation des smartphones, la pandémie de COVID-19 et les pressions sociales croissantes incitant les jeunes à maintenir un contact permanent avec leurs amis en ligne.
Les jeux vidéo : un autre domaine de dépendance
En ce qui concerne les jeux vidéo, les garçons sont particulièrement touchés. Environ 34 % des adolescents jouent quotidiennement, et 22 % y consacrent au moins quatre heures par jour. Le rapport précise que “le jeu quotidien atteint son apogée à 13 ans chez les garçons”, avec des sessions prolongées plus fréquentes que chez les filles.
L’addiction aux jeux vidéo est mesurée à l’aide de l’Internet Gaming Disorder Scale, qui se base sur les critères du DSM-5. À l’instar des réseaux sociaux, les adolescents présentant cinq symptômes ou plus sont considérés comme à risque de dépendance. En 2022, 12 % des jeunes étaient classés à risque de dépendance aux jeux vidéo, un chiffre en hausse par rapport à 2018, notamment chez les garçons âgés de 11 à 13 ans. Les comportements problématiques liés aux jeux vidéo sont associés à une moindre satisfaction de vie et à des plaintes psychologiques fréquentes.
Disparités socio-économiques et enjeux politiques
L’étude met également en lumière des disparités selon le milieu socio-économique des adolescents. Les jeunes issus de familles plus aisées tendent à être plus connectés en permanence, tandis que ceux issus de milieux défavorisés sont souvent moins actifs sur les réseaux sociaux. Cela soulève des questions cruciales concernant l’accès équitable aux outils numériques et son impact sur la socialisation des jeunes.
Sur le plan des politiques publiques, le rapport appelle à une régulation accrue de l’accès des jeunes aux technologies numériques, notamment en ce qui concerne les limites d’âge pour l’utilisation des réseaux sociaux et des jeux vidéo. Il recommande également la mise en place de programmes d’éducation numérique adaptés aux différentes tranches d’âge, et parfois spécifiques au genre.
L’OMS insiste sur la nécessité d’informer parents et enseignants des risques liés à une utilisation excessive des technologies numériques. Le rapport propose d’implémenter des programmes de “littératie numérique” dès le plus jeune âge, afin de favoriser un usage équilibré des écrans et de prévenir les comportements addictifs.
Malgré ces préoccupations, l’organisation reconnaît que les technologies numériques peuvent offrir des opportunités positives, mais souligne l’importance d’un usage équilibré pour préserver la santé mentale des adolescents.
Source: OMS