Après plus de dix ans de travaux, la Chine a officiellement lancé CENI (China Environment for Network Innovation), une nouvelle infrastructure réseau nationale.
Il ne s’agit pas d’un Internet grand public comme celui que nous utilisons tous les jours, mais d’un réseau expérimental à très haut débit, destiné à la recherche, à l’industrie et aux technologies du futur.
Un réseau très rapide, à l’échelle du pays
CENI repose sur 55 000 kilomètres de fibre optique reliant 40 grandes villes chinoises.
Sa particularité : il peut faire circuler des volumes de données gigantesques à une vitesse bien supérieure aux réseaux classiques.
Exemple concret :
- 72 téraoctets de données ont été transférés entre deux sites distants de 1 000 km en 1 heure et demie
- Sur un réseau Internet classique, ce transfert aurait pris près de deux ans
Le débit atteint environ 100 gigabits par seconde, avec un temps de réponse extrêmement faible. À titre de comparaison, une bonne connexion domestique dépasse rarement 1 gigabit par seconde.
Un outil pour tester les technologies de demain
CENI peut faire fonctionner 128 réseaux différents en même temps et mener des milliers de tests simultanés, sans interférences.
Cela permet aux chercheurs et aux entreprises de tester de nouvelles architectures réseau, de futurs standards télécoms ou des usages avancés, sans perturber les autres utilisateurs.
Autre point important : les coûts de transmission seraient environ 60 % moins élevés que sur les solutions précédentes.
Déjà utilisé par l’IA et la recherche scientifique
Des acteurs majeurs comme Baidu utilisent déjà CENI pour entraîner de grands modèles d’intelligence artificielle. Grâce au réseau, certaines étapes de calcul sont fortement accélérées.
Le radiotélescope géant FAST, qui produit environ 100 téraoctets de données par jour, peut désormais envoyer ses observations vers des centres de calcul sans difficulté, ce qui était un vrai défi auparavant.
À terme, le réseau doit aussi servir :
- l’industrie manufacturière
- le secteur de la santé
- l’aérien et les nouvelles mobilités
- les universités et centres de recherche
Une stratégie nationale assumée
Contrairement aux États-Unis et à l’Europe, où ce type de projets est souvent laissé au secteur privé, la Chine investit directement dans une infrastructure publique pour développer ses propres standards technologiques.
CENI est souvent comparé à :
- ARPANET, l’ancêtre d’Internet
- GENI, un réseau expérimental américain arrêté en 2023
La différence : la Chine continue et accélère, là où d’autres ont abandonné ces projets publics de long terme.
Le pays dispose déjà de plus de 3,4 millions de stations 5G, soit environ 60 % des installations mondiales, et prépare activement la suite (5G avancée, 6G).
Un enjeu de souveraineté numérique
Les équipes de CENI ont déjà développé plus de 200 normes technologiques et déposé plus de 220 brevets.
L’objectif est clair : ne plus dépendre des standards occidentaux et peser directement sur les technologies qui structureront l’Internet et les réseaux de demain.
La Chine avance méthodiquement, en construisant ses propres infrastructures, ses normes et ses outils.
Source : The Register


