Forum national sur la gouvernance de l’internet, l’IGF relève le pari d’organisation de la 10e édition !

La 10e édition du Forum national sur la gouvernance de l’internet (FNGI) s’est tenue le 17 novembre 2023, en marge des activités de la 18e édition de la semaine du numérique. Placé sous le thème “Souveraineté numérique et cybercriminalité au Burkina Faso”, la présente édition était placée sous la présidence de la ministre de la transition digitale, des postes et des communications électroniques, Aminata Zerbo/Sabane et sous le parrainage du secrétaire exécutif de l’autorité de régulations des communication électroniques et des postes (ARCEP), Patrice Compaoré.

10e du genre au Burkina, l’objectif, selon les organisateurs est de permettre aux acteurs du numérique de mener une réflexion poussée sur les enjeux de l’internet au Burkina Faso. Par la voix de son représentant à la cérémonie d’ouverture, la ministre chargée de la transition digitale a rassuré les organisateurs de l’engagement du gouvernement tout entier, à œuvrer pour un numérique souverain dans notre pays.

Michaël Folané, représentant de la ministre de la Transition digitale

Une initiative qui répond au contexte du pays des hommes intègres !

Le forum national sur la gouvernance de l’internet a été organisé par l’Initiative pour la Gouvernance de l’Internet au Burkina Faso (IGF BF). Il a regroupé des experts du secteur et d’organisation de la société civile autour du thème : « souveraineté numérique et cybersécurité au Burkina Faso ». Pour le président de l’IGF Burkina, Hermann Ouédraogo, il s’agit d’un thème en phase avec les défis actuels du pays et aussi avec les orientations des autorités actuelles.

Hermann Sawadogo, président de l’IGF Burkina arguant que “L’internet est un catalyseur de la globalisation. Il a transformé le monde en un village global établissant des connexions rapides et facilitant les échanges d’information à une échelle sans précédent

Cette globalisation soulève selon lui des questions cruciales en lien avec la souveraineté nationale auxquelles il faut apporter des réponses.

Deux panels de quatre communications chacune ont constitué le menu de ce forum. Pour le premier, il a été question d’échanger sur « les enjeux et les perspectives de la gouvernance de l’internet : états des lieux des questions émergentes », « la souveraineté numérique du Burkina Faso, sur quels leviers actionner ? », « l’identification des ressources sur internet : L’importance des fonctions DSN » et « Les indicateurs de l’UNESCO sur l’universalité de l’internet ». Ces communications ont été respectivement assurées par Idrissa Degne de IGF Burkina, Antoine Yaméogo de l’ARCEP, Edouard Bouda de l’association burkinabè des domaines internet (ABDI) et de Hermann Bazemo de la commission de l’UNESCO.

Photo de famille des panélistes

Pour la première communication, Idrissa Degne a fait montre des enjeux clés liés aux technologies émergentes dans le contexte de la souveraineté numérique avant de déboucher sur les perspectives. Il évoque au titre des enjeux, l’intelligence artificielle (IA), la blockchain, les cryptomonnaies etc. qui selon lui soulève assez de questions en termes de pouvoir et de responsabilités.

Abordant la question des leviers à actionner pour booster la souveraineté numérique au Burkina, Antoine Yaméogo a relevé quatre recommandations. Entre autres, investir dans la sécurité informatique en renforçant les capacités des professionnels en cybersécurité, développer les infrastructures numériques souveraines en promouvant les solutions numériques locales, sensibiliser les utilisateurs finaux sur l’importance de la sécurité informatique en les formant sur les pratiques de sécurité de base et enfin inciter les entreprises à choisir des hébergements locaux de leurs données.

A la suite de cette communication, Edouard Bouda a pour sa part entretenu les participants sur le label « .bf » et sur l’importance de la fonction DSN. Il interpelle les internautes de même que les entreprises à adopter le nom de domaine « .bf » qui a l’avantage de contribuer à leur sécurisation dans le cyberespace à travers ses principes de confidentialité et de traçabilité de même que le filtrage DSN.

Bouclant les communications du premier panel, Hermann Bazemo de la commission de l’UNESCO a brossé aux participants le contenu de la version finale du cadre d’indicateurs de l’universalité de l’internet qui compte 303 indicateurs dont 109 indicateurs fondamentaux. Il ajoute à cela 79 indicateurs transversaux qui abordent des questions d’égalité, de genre et les besoins des enfants et des jeunes, le développement durable ainsi que les aspects juridiques et éthiques de l’internet.

La suite du panel a connu le passage des ministres en charge du numérique de l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Le ministre nigérien salue la thématique abordée. Pour lui, “le numérique constituant un secteur transversal, la souveraineté totale de nos états passera forcément par la souveraineté numérique ». Chose à laquelle s’est fortement engagées les gouvernements de l’Alliance des États du Sahel.

Passage des ministres en charge du numérique des Etats de l’AES

Le ministre malien pour sa part encourage les acteurs du numérique à travailler en synergie dans l’optique de la charte du Liptako Gourma pour atteindre l’objectif de la souveraineté totale visé par chacun des pays signataires de ladite charte. Terminant les allocutions, la ministre en charge de la transition digitale a tenu à féliciter et à encourager l’initiative pour la gouvernance de l’internet pour sa régularité dans l’organisation de ce forum et la pertinence de la thématique. « La souveraineté de nos pays est intimement liée à la capacité de pouvoir sécuriser à la fois notre territoire, nos populations et notre cyberespace » a confié la ministre Aminata Zerbo/Sabane.

“Le message reste le même, soyons des cyber-responsables”

Le deuxième panel a également porté sur quatre communications, toutes en lien avec le thème central de la 10e édition du FNGI. Il s’agit de « Cybersécurité : Quelles mesures de protection du cyberespace national burkinabè ? », « Réseaux sociaux et comportement cybercitoyen : Les 10 conseils du CSC », « Cybercriminalité : Retour d’expérience au niveau national » et « Vie privée à l’ère des réseaux sociaux ».

Présidium du panel 2

La première communication a été assurée par Arnaud Sawadogo de l’Agence nationale pour la sécurité des systèmes informatiques. Après avoir fait cas des enjeux de la cybersécurité, il a exposé quelques mesures entreprises par le gouvernement pour renforcer la cybersécurité. A ce titre, il dénombre la sensibilisation et la formation des acteurs et des citoyens, le renforcement du cadre règlementaire et des capacités infrastructurelles, l’investissement dans la recherche, et surtout la collaboration etc. « la cybersécurité est une affaire de tous » a-t-il conclu.

La deuxième communication portant sur « Vie privée à l’ère des réseaux sociaux » a été assurée par Rasmata Compaoré/Tiendrébeogo de la commission de l’informatique et des libertés. Elle a entretenu les participants sur la problématique des données à caractère personnelles, des réseaux sociaux puis a émis quelques conseils. Elle fait observer qu’« avec l’apparition de l’internet, on distingue la physique ou réelle de la vie numérique qui s’articule autour des profils crées sur les réseaux sociaux ».

A en croire Rasmata Compaoré, les réseaux sociaux sont à la fois champs de risques (usurpation d’identité, arnaque à la cam coquine, fausses offres d’emplois etc.) et champs d’opportunités (réseautage, partage de connaissance, création d’une notoriété numérique etc.). Elle a appelé les participants à éviter d’étaler leur vie privée sur les réseaux sociaux, à fréquemment vérifier leur trace sur internet et à surtout respecter l’autre. « Agissez donc sur le net comme vous le feriez dans la vie réelle » a conseillé dame Tiendrébeogo.

Le commissaire principal de police Christian Zongo a quant à lui entretenu les participants sur les retours d’expériences de la cybercriminalité au niveau national. Il a expliqué sur la base des menaces récurrentes (phishing, l’hameçonnage, ransomware), que le mauvais paramétrage des supports, le manque de sauvegarde des données etc. constituent le plus souvent les causes de la cybercriminalité. Il a en outre outillé les participants sur la détection des arnaques à travers l’exposition de quelques signes d’alertes et également sur les réflexes à développer en cas d’arnaques. Christian Zongo n’a pas manqué d’appeler les uns et les autres à la cyber citoyenneté. « Pour parvenir à la lutte contre la cybercriminalité, il faut que tout un chacun soit responsable dans son utilisation de l’outil informatique ».

La dernière communication a vu le directeur du contentieux du conseil supérieur de la communication (CSC), Daniel Bonzi a l’œuvre. Avec lui, il a été question des conseils du CSC en matière de comportements cybercitoyen. Chacun est interpelé à avoir une hygiène numérique afin qu’ensemble le pari d’aboutir à un cyberespace saint au Faso puisse être relevé. Pour ce faire, le CSC invite les citoyens à toujours s’exprimer sur le net avec honnêteté en faisant preuve de bon sens et d’esprit critique, à éviter d’indexer une personne, une ethnie, une religion, ou autres surtout quand il s’agit de faits graves qui pourraient susciter des réactions violentes, s’abstenir de publier, de partager, de liker ou de commenter des messages ou publications contraires à la loi, etc.

Vue des participants au 10e FNGI

En rappel, l’Initiative pour la gouvernance de l’Internet (IGF) est une organisation à but non lucratif regroupant le gouvernement, le régulateur, le secteur privé, la société civile et le milieu académique. Elle est officiellement reconnue et est membre du forum ouest-africain pour la gouvernance de l’Internet et du forum mondial sur la gouvernance de l’Internet, sous l’égide des Nations-Unies.

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