Comment êtes-vous arrivée dans le domaine du digital ?
Je suis arrivée dans le domaine du digital complètement par hasard. C’est vrai que depuis que je suis petite, je suis très tout ce qui est technologie, les appareils, ça m’a toujours intéressée, mais ça ne m’a jamais intéressée au point d’en faire un métier, pas du tout. Moi, j’étais plus portée par le sport, l’école même, ce n’était pas mon délire, je n’étais pas très bonne élève, donc je partais à l’école parce que les parents m’obligeaient. Moi, c’était que le basket qui m’intéressait et j’en voulais en faire mon métier, quand j’ai eu le bac, je suis partie en France pour terminer mes études en fiscalité et là-bas, j’ai heureusement pu faire mon basket en profession, j’ai joué dedans, j’ai joué en club, j’ai été championne de France de basket et j’ai eu un accident en sport qui a fait que j’ai dû rester coucher pendant un bon moment et c’est durant cette période de dépression que j’ai découvert le digital par hasard en regardant un truc à la télé et je suis tombée dessus et tout de suite, j’ai accroché et le lendemain je suis allée m’inscrire en master Pranet qui s’appelle pratique professionnelle de l’Internet qui était un master qui nous apprenaient tous les métiers liés à Internet. Le master s’est fait à Rennes à l’université de Rennes 2 en Bretagne en France. Un master qui était très récent donc les gens qui nous apprenaient étaient des gens qui travaillaient dans les plateformes qu’on utilise aujourd’hui, donc voilà du coup ça fait que j’ai appris pratiquement tous les métiers d’internet que ce soit la gestion des réseaux sociaux, la création de site internet, la création codage d’application, l’infographie, le montage, média buyer vraiment tout ce qui a attrait au métier d’internet.
Quelles ont été vos principales sources d’inspiration ?
C’est là où j’ai un problème, moi, malheureusement, je n’ai pas vraiment de source. Je suis tombée dedans par hasard, j’ai tout de suite accroché au cours, donc j’ai commencé à lire un peu tout le monde. Je n’avais pas une source d’inspiration, donc j’apprends de tout le monde, je suis ouverte à toutes les propositions culturelles, numériques. Donc, on va dire que mes sources sont le monde entier, mais je n’ai pas de source ou de personne que je suis pour dire que c’est mon modèle, non, je n’ai pas ça.
Pouvez-vous nous raconter votre parcours atypique, du basket professionnel aux métiers du digital ?
Comme je dis, quand je quittai Abidjan, en Côte d’Ivoire, c’était après le bac, donc je partais faire des études à l’université. Je ne savais pas quoi faire, mes parents m’ont dit de m’inscrire, je me suis inscrite là-bas, j’ai commencé à jouer. J’ai joué pour l’équipe du club de là-bas, avec laquelle on a été champion de France universitaire de basket-ball en 2009 – 2010. J’ai joué en semi-pro pour des clubs en France. Franchement, le digital, ce n’était pas du tout dans ma carrière. C’est quand j’ai fait l’accident et que j’ai été contrainte à l’immobilité et que je n’avais rien à faire, que je suis tombée sur un reportage sur le digital. Donc, vraiment, c’est un pur hasard. Mais, moi qui suis croyante, je crois en Dieu, c’est Dieu qui m’a positionnée. Et voilà, ça m’a tellement subjugué, ce reportage. Je me suis souvenu que j’avais une de mes coéquipières dans le temps qui faisait du digital, Mathilde Murgal. Je sais qu’il y a deux, trois ans en avant, je lui avais demandé : mais toi, tu fais quoi à la fac ? Tu suis quoi comme formation en filière et tout ? Et elle m’a expliqué : je fais du numérique. Franchement, elle m’a expliqué, c’est rentré d’une oreille, c’est sorti de l’autre oreille. Je n’ai même pas fait attention, j’ai dit, OK, d’accord, ça ne m’a pas accroché. Mais le jour où j’ai regardé ce reportage, bim, tous les souvenirs me sont revenus. Je l’ai contactée le lendemain, j’ai pris ses cours, j’ai toujours même ces cours avec moi. Je suis allée m’inscrire à la fac pour suivre cette formation. Franchement, ça a été, wow. Comme si Dieu me parlait en me disant, voilà, c’est là où tu dois aller, c’est le moment.
On vous surnomme le « couteau suisse » du digital. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?

Le couteau suisse du digital, c’est comme j’ai expliqué pour ma formation, je suis l’une de celles qui ont un diplôme qui lui permet de faire à peu près tous les métiers qui sont digitaux. Je peux faire la stratégie, je peux créer le contenu, je peux gérer le site internet, les applications mobiles, je peux faire de la publicité… Voilà, je peux toucher à tous les domaines du digital. C’est un peu pour ça. Je peux faire de la consultation, je peux faire de la sécurité. Voilà, la raison pour laquelle on m’appelle le « couteau suisse » comme un couteau suisse qui permet de faire tout. Il y a des paires de ciseaux dedans, il y a des coupes d’ongles. Donc ça, à peu près, image pour dire que je touche un peu à tout dans le digital.
Quels sont les différents domaines du digital dans lesquels vous excellez ?
En fait, mon métier de cœur de base, c’est le social-média management, c’est la gestion des réseaux sociaux, le community management. De base, ce sont les premiers métiers que j’aie embrassés. Et après, quand je suis revenu, mais en Côte d’Ivoire, c’est en fonction des manques sur le marché du digital, j’ai dû me positionner sur un peu tout, sur la formation, sur l’accompagnement, en consultance du personnel branding, sur les formations en cybersécurité. Donc, en fonction de la demande, je me suis positionnée sur plusieurs branches. Donc, je ne peux pas dire dans quel domaine j’excelle.
En tant que femme africaine francophone, comment gérez-vous la polyvalence des tâches dans le secteur du digital ?
En tant que femme africaine, ce n’est pas évident parce que c’est un domaine très masculinisé. Beaucoup de femmes sont dans le domaine du digital, mais ne sont pas à des hauts postes. Les plus grands experts sont très souvent des hommes. Mais comme je suis une personne très active qui a l’habitude de faire plusieurs choses à la fois, ça ne m’a pas vraiment freinée. Le fait que j’ai commencé en France, j’ai une autre culture, une autre manière de gérer, m’a aidé à m’imposer sur le marché en Afrique et dans le domaine numérique.
A quoi répond l’hashtag #lesavezvousdigital ?
Au début, quand je suis rentrée définitivement à Abidjan, je demandais à mes amies s’ils savaient que sur Facebook il y a des choses à ne pas faire. C’était un réflexe que j’avais. Et je suis tombée sur une publication sur Facebook où la personne a écrit « le saviez-vous ? » Il s’agissait de la fabrication des appareils dans les usines et j’ai cliqué sur l’hashtag, le saviez-vous, et j’ai vu qu’il était beaucoup utilisé pour annoncer quelque chose. Je me suis dit que je pouvais faire pareil, mais plutôt dans le digital uniquement. J’ai donc collé le mot digital à « lesavezvous » et c’est parti comme ça. Dès que j’ai une information, je la partage avec ce hashtag pour que les personnes puissent la retrouver plus facilement dans les recherches.
Quels conseils donneriez-vous aux utilisateurs pour protéger leurs données personnelles en ligne ?
Alors pour protéger les données personnelles déjà, il faut faire attention à ce que nous-mêmes, nous mettons en ligne parce que si on n’a pas mis quelque chose en ligne, personne ne peut venir découvrir. Déjà, on fait attention aux informations qu’on donne et ensuite, on fait attention à notre comportement en ligne. C’est-à-dire qu’on ne va pas s’amuser à cliquer sur tout et n’importe quel lien, on ne va pas aller sur n’importe quel site internet, on ne va pas cliquer sur n’importe quelle application ou des jeux ont fait attention aux plateformes qui nous demande des informations a rentré, on fait attention aux appareils qu’on utilise pour se connecter sur certaines plateformes. Si on commence comme ça ce n’est déjà pas mal et ensuite sur chaque plateforme il y a des systèmes de sécurité à activer, à mettre en place donc prend le temps de mettre les paramètres de sécurité et on fait attention donc sur Facebook. Si vous avez créé avec une adresse mail, on fait attention que ce mail, il soit sécurisé et si on n’arrive plus à se connecter à ce mail, ou le modifier sur notre compte Facebook, on ne garde pas ce mail. Si quelqu’ un a piraté, il peut avoir accès à notre compte.
Comment percevez-vous l’évolution de la cybersécurité et du digital en Afrique francophone ?
Pour moi, je pense que c’est un domaine dans lequel on doit intensifier nos actions. Déjà, Internet est arrivé en Afrique, pas seulement francophone : toute l’Afrique a été dépassée par toutes les possibilités et aujourd’hui, on voit par exemple la jeunesse s’adonner à des trucs sur les réseaux sociaux et tout ça nous dépasse. Les gouvernements dans chaque pays sont en train de légiférer, de mettre des lois et tout pour essayer de canaliser. Il y a des pratiques illégales, du broutage par exemple, qui est un fléau dont on n’a pas fini de régler tout ça. Eh bien, il y a l’intelligence artificielle qui est déjà là. Ça part dix mille fois plus vite que tout ce qu’on peut connaitre sur Internet, donc c’est dix mille fois plus dangereux. Donc, plus on accélère, plus on accentuera nos actions sur la cybersécurité et mieux, on sera protégé, nous et nos familles, voire nos institutions. Il faut que chaque gouvernement mette en place des systèmes de plus en plus importants au niveau de la cybersécurité, des formations, des institutions, et des populations de la jeunesse surtout, car dans la plupart des pays, la jeunesse est la plus active et la plus représentée.

A part le digital, que fait d’autres Aka Oulaté Karine ?
Alors comme je l’ai dit, je suis une personne super active, avec un ami d’enfance, on a créé une association « l’association cris de cœur » toujours au nom des enfants qui vivent dans la rue les enfants défavorisés sous fonds propres, nous essayons de faire le partage de nourritures de chaussures de vêtements de médicaments de trouver du boulot pour certains qui ont l’age de travailler de resocialiser certaines personnes qui peuvent repartir en famille. On essaye d’aider, ça fait dix ans qu’on existe et on a déjà touché plus de trois mille enfants, donc ça, c’est une grande part de ma vie. Il y a le sport. Je ne peux plus peut-être courir, mais je peux aider d’autres personnes à courir. Avec des amis, mes anciennes coéquipières avec qui j’ai jouée dans mon dernier club ici à Abidjan. Avant de partir on a décidé de créer notre club de basket féminin le premier club et le seul club qui est créé et gérer exclusivement par des femmes en Côte d’Ivoire et le comble est qu’on est championne on est numéro un de Côte d’Ivoire ça fait deux ans de suite on est imbattable donc le sport le social la famille les amis et puis voilà car c’est déjà pas mal.
De nombreuses personnes s’identifient à vous, qu’avez-vous à leur dire ?
De nombreuses personnes s’identifient à moi franchement, je suis très honorée je leur dis merci. Je ne m’attendais pas à ça quand je me suis lancée dans ce domaine. Quand j’ai commencé à parler sur les réseaux, a donné mon avis, à essayer d’aider mes proches, je ne m’attendais pas à autant de réactions, donc je suis vraiment honorée ça me fait plaisir, mais je pense que vous pouvez aller faire mieux que moi, vous pouvez aller plus loin continuer à vous former. Ne vous arrêtez de vous former, vous continuer à apprendre, vous aller allez plus loin, c’est ce que je vous souhaite.
Quels sont vos projets pour le futur ?
Dans le futur, c’est avoir une sorte de centre de formation plus axé sur la femme et les jeunes au niveau du digital afin de former et d’apprendre un métier et de pouvoir protéger la population et nos institutions.
Votre mot de fin
Déjà, je remercie votre média de m’avoir interviewé. Je suis très honorée par cette attention et je vous souhaite une très longue vie et plein de succès. Le digital, c’est le domaine de demain ainsi que l’intelligence artificielle, donc ne vous faites pas dépasser et renseignez-vous dessus si vous pouvez faire de petites formations. Il existe certaines formations en ligne, pas besoin de se déplacer, mais ne vous faites pas dépasser et il faut que vous soyez dans ce futur, merci beaucoup et que Dieu vous bénisse.
ZAGLA