Depuis l’avènement de l’IA, une tendance envahit les réseaux sociaux, les conférences, les ateliers et les médias : tout le monde se dit expert en intelligence artificielle. Il suffit d’avoir animé une formation ou manipulé ChatGPT ou copilot pour s’auto-proclamer spécialiste. Cette confusion croissante menace non seulement la crédibilité du secteur au Burkina Faso, mais aussi sa capacité à produire des solutions réellement innovantes et efficaces surtout que le 24 juin il y aura le lancement de la maison de l’IA.
L’expertise en IA : plus qu’un mot à la mode
Loin du simple effet de mode, le métier d’expert en intelligence artificielle est un véritable travail scientifique, rigoureux, méticuleux et complexe. Il ne s’agit pas seulement de savoir utiliser des outils développés ailleurs, mais de savoir concevoir, développer et implémenter des technologies d’IA adaptées aux réalités locales.
L’expert en IA est un professionnel capable de :
- Concevoir des algorithmes et des modèles intelligents, notamment des modèles de langage (LLM), de reconnaissance visuelle ou d’apprentissage autonome ;
- Analyser des données massives, en extraire des tendances, et transformer ces données en décisions exploitables ;
- Former et optimiser des modèles IA, en ajustant les paramètres techniques pour améliorer leurs performances dans des environnements réels ;
- Collaborer avec des ingénieurs logiciels, des data scientists ou des prompt engineers pour intégrer ces technologies dans des systèmes existants.
Ce métier ne se limite pas à la finance ou à l’industrie, il s’étend aussi à la santé, à l’agriculture, à la sécurité, à l’éducation ou encore à l’administration publique. Tous les domaines sont concernés par l’IA.
Que fait concrètement un expert en IA ?
L’expert en IA exerce un métier double : il travaille à la fois sur les données et sur les algorithmes. Il passe une grande partie de son temps à :
- Nettoyer, structurer et analyser des ensembles de données massifs ;
- Construire des modèles prédictifs capables de résoudre des problèmes complexes (ex : prévision des rendements agricoles, détection de fraudes, reconnaissance vocale locale…) ;
- Déployer des systèmes autonomes capables d’apprendre, de raisonner, et parfois même d’interagir de manière naturelle avec les humains ;
- Conseiller les décideurs sur les limites et les impacts de l’IA, notamment en matière d’éthique, de biais algorithmique ou de protection des données.
Comme le souligne un expert :
« Ce métier sert à résoudre des problèmes particulièrement complexes, parce qu’ils laissent entrevoir une multitude de solutions possibles. L’IA nous aide à savoir quelle est la meilleure solution en fonction du besoin réel, du degré d’urgence ou de la faisabilité. »
Le danger des faux experts : un frein au progrès
Cette banalisation du titre « expert en IA » n’est pas sans conséquence. Elle entraîne :
- Des projets mal conçus, inefficaces voire dangereux ;
- Une désorientation des institutions qui font confiance à de fausses compétences ;
- Une perte de crédibilité pour les véritables spécialistes, souvent discrets et concentrés sur leur travail de fond ;
- Une rupture de confiance dans la technologie chez le grand public.
Dans un pays comme le Burkina Faso, où les ressources humaines spécialisées sont encore rares, il est crucial de valoriser les vraies compétences, pas les slogans.
Pour une IA burkinabè crédible, responsable et collaborative
Le développement de l’intelligence artificielle est une chance pour notre pays où le besoin est grand. Mais il ne se fera pas avec des titres gonflés ni avec des effets d’annonce. Il exige :
- Des formations solides en mathématiques, en programmation, en statistiques ;
- Une culture de rigueur, d’éthique et de collaboration entre professionnels ;
- Des institutions prêtes à investir dans les talents locaux et à structurer un écosystème fondé sur la transparence et la compétence.
L’intelligence artificielle est un outil puissant, mais exigeant. Elle n’est pas là pour faire briller ceux qui en parlent le mieux, mais pour transformer notre pays grâce à ceux qui la maîtrisent réellement.
Le Burkina Faso n’a pas besoin de plus d’experts autoproclamés, mais de techniciens, d’ingénieurs, de chercheurs et de penseurs rigoureux prêts à mettre leur savoir au service de l’intérêt général.
Un appel à la vigilance et à la formation
Cet article vise à sensibiliser toutes les parties prenantes : particuliers, entreprises privées, institutions publiques, étudiants, jeunes passionnés. L’intelligence artificielle n’est pas un domaine d’improvisation. Confiez vos projets à de véritables experts, et non à des bricoleurs mal formés, pour éviter les échecs coûteux et les regrets.
A ceux qui souhaitent se lancer dans ce métier d’avenir : formez-vous sérieusement. Apprenez les bases, maîtrisez les outils, comprenez les enjeux. L’IA est un levier de transformation puissant, mais seulement entre les bonnes mains.
ZAGLA