Trois ans après l’échec retentissant du projet Libra (puis Diem), le géant californien Meta (Facebook, Instagram) explore à nouveau l’idée d’introduire un stablecoin sur ses plateformes.
Meta (Facebook, Instagram) veut retenter sa chance dans les cryptomonnaies. Trois ans après l’échec retentissant du projet Libra (puis Diem), le géant californien explore à nouveau l’idée d’introduire un stablecoin sur ses plateformes. Mais cette fois encore, la classe politique américaine ne compte pas le laisser faire sans résistance.
Le retour des ambitions crypto de Meta
Selon plusieurs sources proches du dossier, Meta envisagerait d’intégrer l’usage de stablecoins (des cryptomonnaies indexées sur des monnaies fiat comme l’US dollar) directement dans ses services, notamment Instagram, Facebook et WhatsApp. L’objectif serait de faciliter les paiements entre utilisateurs, rémunérer les créateurs ou développer un véritable écosystème financier interne.
À ce stade, deux options sont sur la table:
- intégrer des stablecoins existants (comme l’USDC ou l’USDT),
- ou relancer un projet maison, plus ambitieux, via une filiale dédiée.
Une initiative qui rappelle fortement le projet Libra lancé en 2019, mort-né face à l’opposition virulente des régulateurs et des États.
Une opposition frontale du Congrès
Le 11 juin, deux sénateurs démocrates de poids, Elizabeth Warren et Richard Blumenthal, ont adressé une lettre officielle à Mark Zuckerberg, demandant des éclaircissements immédiats. Ils dénoncent :
- le risque de surveillance de masse, si Meta collectait des données financières en plus des données sociales.
- la concentration excessive du pouvoir économique, alors que Meta compte plus de 3,5 milliards d’utilisateurs actifs.
- une possible instabilité financière, si un acteur privé contrôlait une partie des flux de paiement en stablecoins.
Ils craignent surtout que Meta profite des marges d’interprétation du GENIUS Act, désormais adopté par le Sénat américain, pour contourner les garde-fous réglementaires. Cette loi encadre strictement l’émission de stablecoins aux États-Unis, mais elle autorise aussi les entreprises non financières à opérer via des entités agréées: une porte que Meta pourrait tenter d’ouvrir.
Le GENIUS Act, au cœur du bras de fer
Adopté le 11 juin 2025, le GENIUS Act impose des règles claires aux émetteurs de stablecoins: réserves obligatoires en actifs sûrs, audits réguliers, transparence financière, et respect strict des obligations anti-blanchiment.
Mais le texte, bien qu’encadrant le secteur, ne ferme pas la porte aux Big Tech. Il permet aux entreprises non bancaires d’émettre des stablecoins via des filiales soumises à régulation. C’est précisément cette possibilité que plusieurs élus cherchent à restreindre. Elizabeth Warren, en particulier, appelle à une version plus stricte de la loi, excluant explicitement les géants du numérique de ce nouveau terrain.
Meta, de son côté, affirme ne pas avoir encore pris de décision définitive. L’entreprise assure qu’elle respectera les règles en vigueur. Mais face à la pression politique croissante, Mark Zuckerberg devra répondre au Congrès avant le 17 juin.
Le retour de Meta dans l’arène pourrait marquer un tournant majeur. Si le groupe parvient à intégrer des stablecoins sur ses plateformes, il pourrait démocratiser massivement leur usage auprès du grand public, créer une alternative aux systèmes de paiement traditionnels, mais aussi centraliser davantage de pouvoir dans les mains d’un acteur déjà ultra-dominant.
Source: BFM