Au Burkina Faso, comme ailleurs, les jeunes filles se détournent des carrières technologiques dès le secondaire. Ce désintérêt est alimenté par des stéréotypes tenaces, un manque de modèles féminins visibles, et un environnement scolaire peu inclusif.
Peu de jeunes Burkinabè connaissent des figures comme Ada Lovelace ou Margaret Hamilton. Dans les manuels scolaires, les femmes scientifiques sont rarement citées. Localement, des femmes comme Mariam Maïga, ingénieure en télécommunications, ou Aminata Ouédraogo, experte en numérique, restent peu médiatisées. Cette invisibilisation empêche les filles de se projeter dans ces métiers.
Les enseignants, souvent issus de filières littéraires, valorisent davantage les garçons en mathématiques et en sciences. Les remarques dans les bulletins scolaires renforcent les stéréotypes : les filles sont félicitées pour leur comportement, les garçons pour leurs compétences. Ce biais inconscient crée un effet Golem, où les filles doutent de leurs capacités et se désengagent.
Au Burkina Faso, les filières scientifiques sont encore très masculines. Les filles s’orientent majoritairement vers la biologie ou la médecine, rarement vers l’informatique ou l’ingénierie. Le manque de cours obligatoires en informatique dans les lycées ruraux accentue cette tendance. Les spécialités comme les TIC ou les sciences de l’ingénieur restent perçues comme “masculines”.
La culture geek, les jeux vidéo, les représentations du hacker ou du développeur dans les médias sont majoritairement masculines. Les filles sont peu présentes dans les clubs de robotique ou les hackathons, souvent par crainte d’être jugées ou exclues.
Des témoignages révèlent un sexisme ordinaire : remarques déplacées, absence de reconnaissance. Certaines étudiantes en informatique rapportent avoir été découragées par leurs pairs ou leurs enseignants. Les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans les milieux académiques et professionnels restent un frein majeur.
Des associations comme Femmes & TIC, Burkina Women in Tech, ou Elles Bougent Burkina œuvrent pour sensibiliser les jeunes filles, former des enseignantes référentes, et créer des espaces sécurisés. Mais ces efforts doivent être soutenus par une réforme des programmes scolaires, une meilleure représentation des femmes dans les médias, et une politique volontariste d’inclusion.
Pour que les filles burkinabè investissent pleinement les métiers de la tech, il faut déconstruire les stéréotypes dès l’école, valoriser les modèles féminins locaux, et créer un environnement propice à leur épanouissement. La technologie n’a pas de genre, elle a besoin de toutes les intelligences.
ZAGLA