D’abord vue comme une copie bon marché de « Need for Speed », la saga « Asphalt » a su se forger, en 20 ans d’existence, une solide réputation sur smartphone, avant de rugir désormais sur consoles.
Lorsqu’Asphalt: Urban GT sort en 2005 sur N-Gage et Nintendo DS, Gameloft appartient encore à Ubisoft. À l’époque, l’éditeur est spécialisé dans les portages de licences de son propriétaire, mais propose aussi quelques créations originales, dont Asphalt. Celle-ci se présente comme un Need for Speed bon marché, mais qui a la capacité de tourner sur des plateformes où la franchise d’Electronic Arts n’est pas.
La suite, vous la connaissez peut-être: pas moins de 17 épisodes vont voir le jour en 20 ans. Gameloft va proposer sa série sur de nombreuses plateformes, allant du N-Gage à Symbian, jusqu’aux Windows Phone, aux Blackberry, à la Playstation Vita, et dernièrement sur Nintendo Switch, Xbox Series, PC et Playstation 5.
De copie de « Need for Speed » à benchmark pour les smartphones haut de gamme
Asphalt a eu plus d’une vie, comme le confirme à Tech&Co Raùl Orrego, game manager chez Gameloft: « Asphalt est aussi sorti sur Java, il fallait alors travailler sur des écrans en noir et blanc avec seulement 32Ko de données. C’était vraiment une époque différente -l’équipe de développement était bien plus petite et les jeux évoluaient beaucoup plus vite ».
C’est l’attrait des joueurs pour les courses de rues, popularisées par Need for Speed Underground en 2003, qui va pousser Gameloft à se lancer dans une aventure, qui, 20 ans plus tard, a encore ses nombreux adeptes.
« En termes de plateformes, nous sommes passés des téléphones Java aux PC et consoles de salon dernier cri en 20 ans. Asphalt s’est rapidement imposée comme une série aux graphismes impressionnants sur mobile, il fallait donc rester à la pointe, » se souvient Raùl Orrego.
Au commencement, les épisodes se multiplient pour des raisons essentiellement techniques: « Il fallait faire beaucoup d’efforts pour suivre les progrès techniques des appareils mobiles, c’était vraiment important pour nous ».
Il estime ainsi que l’objectif principal est de créer un « effet wahou », sinon, « il faut repartir de zéro ».
Deux décennies plus tard, la fierté de Gameloft est qu’Asphalt est utilisé dans les tests de smartphones pour démontrer leur puissance technique: « La fidélité visuelle du jeu sert de vitrine pour les appareils haut de gamme ».
L’iPhone, moteur du succès d’Asphalt
L’épisode qui a tout changé reste toutefois Asphalt 4: Elite Racing. Lancé en 2008, il est le premier de la série a voir le jour sur iPhone. Le succès de l’App store d’Apple va permettre à la franchise de décoller à des niveaux inespérés pour Gameloft.
« L’industrie du jeu sur mobile ne s’est structurée qu’avec l’arrivée des smartphones, et l’iPhone a été le véritable catalyseur, » estime Raùl Orrego. « Les avancées technologiques liées à l’iPhone ont ouvert de nouvelles possibilités. »
S’en suit Asphalt 5 qui va prendre un virage technique particulièrement impressionnant (pour l’époque), malgré une sortie rapide par rapport au précédent opus: « Il n’y a qu’un an entre les deux, on a l’impression d’avoir un saut d’une génération de consoles, voire deux, » explique le game manager. « Adopter rapidement des nouvelles technologies et repousser les limites des appareils vous place forcément en position de leader dans un genre, surtout quand ceux-ci s’avèrent être très puissants et largement vendus. »
Raùl Orrego se rappelle également qu’Asphalt a d’abord été conçu pour proposer « un jeu de qualité console sur des appareils portables », le tout, au sein d’un marché ultra fragmenté.
Fort de cette expertise, Gameloft va adopter une stratégie de diversification de plus en plus importante: « Avec le temps, à mesure que la technologie progressait et qu’Asphalt affirmait son identité de jeu de course arcade, il est devenu évident que les derniers jeux offraient une expérience qui avait sa place aussi sur consoles et PC ».
Sur les consoles de salon, « Asphalt » est « là pour durer »
Sans jamais chercher à venir rivaliser avec les cadors du genre, mais aussi les simulations, Asphalt a donc tracé sa propre route, et proposé en 2018 Asphalt 9: Legends, depuis renommé Asphalt Legends.
Il s’agit du premier jeu de la franchise à voir le jour sur Switch, Xbox et Playstation. Conçu comme un jeu free-to-play (gratuit, mais avec des microtransactions), le jeu est désormais développé comme « un jeu à services » avec des mises à jour régulières, dont l’une, toujours en cours, concerne justement le 20e anniversaire de la franchise.
« Aujourd’hui, les joueurs consoles et PC représentent environ la moitié de la base de joueurs d’Asphalt Legends, et cette proportion n’a cessé d’augmenter ces dernières années. »
Pour Raùl Orrego, choix a été fait par Gameloft de proposer une expérience multiplateformes et crossplateformes, où les données du joueur le suivent là où il a envie d’aller. « On peut faire quelques courses sur son téléphone dans le bus ou pendant la pause déjeuner, puis continuer ses défis sur grand écran grâce à sa console, sans jamais perdre sa progression », souligne Raùl Orrego. Le développement est d’ailleurs unifié, après avoir été, un temps, séparé.
C’est aussi pour cette raison qu’Asphalt, autrefois connue pour proposer régulièrement de nouveaux épisodes, se repose depuis 2018 sur Asphalt Legends: « Nous avons retiré le numéro du titre car Asphalt Legends est là pour durer. Nous avons une feuille de route sur le long terme, et il y a encore beaucoup de choses que nous voulons faire. »
1,5 milliard de téléchargements
20 ans après ses débuts, la franchise Asphalt est donc toujours aussi populaire. Avec 1,5 milliard de téléchargements depuis son arrivée, elle a su toucher un nombre particulièrement important de joueurs: « Les jeux ont été joués par des centaines de millions de personnes dans le monde entier, sur presque toutes les plateformes. Ça fait beaucoup de monde à faire entrer dans une seule case, » réagit Raùl Orrego, lorsqu’on lui demande quel est le profil type de joueur.
« Nous savons tout de même que nos joueurs sont un peu plus jeunes que la moyenne des amateurs de jeux de courses. il s’agit en majorité de jeunes adultes, principalement des hommes qui ont une passion pour l’automobile qui va bien au-delà de la course, » précise-t-il. C’est sans doute pour cette raison qu’un soin tout particulier a été apporté à la modélisation des véhicules:
« Si l’écrou d’un enjoliveur n’a pas exactement la bonne teinte de chrome, nos joueurs le remarqueront, » plaisante Raùl Orrego.
À l’avenir, Gameloft explique vouloir « rester exigeant » tout en continuant à « repousser les limites ». Une perspective qui ne peut que réjouir les fans d’Asphalt, qui se voient déjà arpenter son univers sur des casques de réalité mixte.
Source: BFM
